Côte d’Ivoire Economie : Bilan de l’année 2019 et perspective 2020 – de Oxford Business Group –
BATIRICI| Communiqué de presse OxfordBusiness | 22.01.2020
La Côte d’Ivoire est restée en 2019 l’une des économies mondiales qui affiche la croissance la plus rapide, l’Etat enregistrant toujours des recettes agricoles en hausse et poursuivant sa politique de diversification économique.
Dans une analyse publiée en octobre, le FMI prévoyait une croissance économique de 7,5% en 2019, un taux légèrement supérieur au taux de 7,4% enregistré en 2018. Cela confirme donc la tendance haussière qui a vu l’économie ivoirienne croître de 8,6% en moyenne annuelle depuis 2012.
Des secteurs d’envergure ont affiché de solides résultats, notamment l’agriculture, avec une production de cacao en hausse de 9,4% en glissement annuel et des recettes en hausse de 17,2% au cours des neuf premiers mois de l’année 2019, selon des chiffres publiés par le Ministère des Finances.
Les exportations de produits manufacturés ont enregistré une hausse de 9,2% en glissement annuel jusqu’à fin septembre ; l’activité du bâtiment reste également soutenue en raison d’une série de projets d’infrastructures actuellement en cours, tels que le projet d’échangeur d’amitié ivoiro-japonaise, le Pont Félix-Houphouët-Boigny et la construction du tronçon Yamoussoukro-Tiébissou de l’Autoroute du Nord.
Les efforts déployés afin de réduire le déficit budgétaire se sont également poursuivis, et, selon le FMI, ce dernier devrait passer de 3,8% du PIB à 3% en 2019. L’inflation annuelle devrait rester faible, avec un taux prévu de 1% contre 0,4% en 2018.
Accord sur le prix du cacao
La décision conjointe de la Côte d’Ivoire et du Ghana d’annoncer un nouveau mécanisme de fixation du prix de vente des fèves de cacao, afin de garantir des revenus plus élevés aux planteurs, a été l’un des grands faits marquants de l’année 2019.
Au mois d’août, le président Alassane Dramane Ouattara a annoncé que les deux pays allaient introduire un prix plancher de 2600 dollars la tonne de fèves de cacao, à compter de la saison 2020/2021.
Ces mesures sont destinées à combattre le déséquilibre perçu entre les revenus des planteurs de cacao et les profits réalisés par les grands vendeurs et acheteurs de cacao sur le marché, tout en protégeant les cultivateurs des fluctuations négatives du prix des fèves de cacao.
Si certains représentants du secteur ont fait part de leurs inquiétudes quant aux répercussions économiques potentielles d’une telle initiative, les deux pays, qui assurent à eux deux près de 65% de la production mondiale de cacao, espèrent pouvoir user de leur influence pour façonner les marchés mondiaux.
S’il parvient à s’imposer, le mécanisme de fixation des prix pourrait avoir un impact considérable en Côte d’Ivoire, le cacao étant responsable de 40% des recettes d’exportations ivoiriennes et assurant la subsistance de quelque 2 millions de petits planteurs.
Cette initiative intervient alors que le gouvernement ivoirien entend accroître la valeur des recettes agricoles par le développement des activités de transformation. Le gouvernement entend en particulier faire progresser le taux de transformation des fèves de cacao et des noix de cajou, qui était d’environ 10% pour les deux produits en 2019.
Des investissements du secteur privé soutiennent notamment la réalisation de cet objectif. En mars 2019, la société suisse Barry Callebaut, l’un des plus grands fabricants de chocolat et de produits à base de cacao, a inauguré une nouvelle unité de transformation sur son site Zone 4C Société Africaine de Cacao (SACO) à Abidjan. L’unité de broyage, qui s’inscrit dans un vaste programme d’investissement de 30 milliards de francs CFA (51 millions de dollars), permettra à SACO d’augmenter ses capacités de transformation des fèves de cacao de 40% d’ici 2022.
Un rôle clé pour le pétrole et le gaz dans la stratégie de diversification
Par ailleurs, des efforts ont été déployés pour diversifier l’économie et réduire la dépendance à l’agriculture.
On a en particulier pu observer une augmentation considérable des activités dans le secteur des hydrocarbures, suite à un pic d’investissement. La production de pétrole brut a enregistré une hausse de 22,2% en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de l’année, selon le Ministère des Finances, et la production de gaz naturel une hausse de 4,1% en glissement annuel.
Le potentiel de croissance du secteur est considérable : les réserves prouvées de pétrole de la Côte d’Ivoire sont estimées à 100 millions de baril et celles de gaz à 1000 milliards de pieds cubes.
L’exploitation de ces ressources a suscité des intérêts en 2019. En mai, l’Etat a accordé au groupe français Total et à la compagnie italienne Eni les droits d’exploitation de deux blocs pétroliers et gaziers chacun dans le cadre d’un contrat de production d’un montant total de 185millions de dollars.
Le gouvernement compte attribuer les droits de production de deux blocs supplémentaires et au mois de novembre le Ministre du Pétrole, de l’Energie et des Energies Renouvelables a annoncé des appels d’offre portant sur cinq blocs en eaux non-profondes au large de la côte sud-est du pays.
La coopération avec le Ghana devrait stimuler encore davantage les investissements. Les deux pays se sont mis d’accord sur leur frontière maritime commune au mois de septembre, une décision qui devrait améliorer la confiance des investisseurs et être synonyme d’activités économiques accrues dans la région frontalière.
Un développement des infrastructures prévu grâce au programme Sublime Côte d’Ivoire
Le tourisme constitue un autre élément clé de la stratégie de diversification de l’économie ivoirienne.
Lancée en février, la stratégie de développement touristique Sublime Côte d’Ivoire compte hisser le pays au rang de 5ème nation africaine la plus visitée d’ici 2025.
Reposant sur neuf projets phares, la stratégie entend moderniser les infrastructures de tourisme et de transport, développer de nouvelles attractions et des attractions existantes et simplifier les procédures administratives dans le secteur.
Les responsables officiels espèrent attirer entre 4,25 millions et 5 millions de touristes par an d’ici 2025, contre 3,94 millions en 2018, parmi lesquels 1,96 million de visiteurs internationaux et 1,97 million de voyageurs ivoiriens.
En termes de contribution économique, le tourisme devrait participer au PIB à hauteur de 7 à 8% dans le cadre de la stratégie, contre 3,9% en 2017, selon les chiffres publiés par le World Travel & Tourism Council (Conseil Mondial du Voyage et du Tourisme, WTTC).
Déploiement de la couverture maladie universelle
Dans un contexte de croissance soutenue de l’économie, le gouvernement s’attache à améliorer ses indicateurs sociaux de développement.
Le 1er octobre a eu lieu le lancement officiel du système d’assurance santé universelle, du nom de Couverture Maladie Universelle (CMU).
Contre une cotisation mensuelle de 1000 francs CFA (1,71 dollar), les adhérents bénéficient de la prise en charge de 70% des frais de traitement dans les hôpitaux publics.
Le déploiement de la CMU à la population générale a été précédé d’une série de programmes pilotes lancés en 2017 dans neuf centres de santé situés dans des universités.
L’initiative vise à transformer la couverture maladie dans le pays ; à l’heure actuelle, 90% de la population ne disposerait d’aucune couverture maladie.
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