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BTP Côte d’Ivoire – Le port de San Pedro passe la surmultipliée

Source: Le Point 

 

Mme Kaba

Le port de San Pedro est à l’image de la ville, en plein chantier pour accueillir la Coupe d’Afrique des nations, la CAN, qui se déroulera en Côte d’Ivoire en 2023. Il se dote en effet de nouvelles infrastructures. Ainsi, le Terminal industriel et polyvalent de San Pedro (TIPSP), construit et géré par le groupe Arise Ports & Logistics, est dédié au vrac principalement des produits miniers, clinker, engrais et vrac liquides (hydrocarbures et huile de palme). Ce projet s’inscrit dans le schéma d’extension et de développement du deuxième port du pays, lequel entend jouer un rôle moteur dans l’intégration sous-régionale au profit des économies des quatre pays ouest-africains que sont la Côte d’Ivoire mais aussi le Liberia, la Guinée et le Mali. Premier port cacaoyer au monde, San Pedro possède avec le TIPSP des infrastructures qui lui permettront de générer rapidement de nouveaux flux de marchandises.

Un quai sorti de l’eau

Le chantier du développement du Terminal de San Pedro a été réalisé dans le cadre d’un partenariat public-privé entre le Port autonome de San Pedro et la société Arise, qui a déjà investi 173 millions d’euros depuis 2019. La première phase du projet est achevée. Depuis novembre, un quai de 270 mètres de long et tirant d’eau de 15 mètres accueille les vraquiers. « Là où nous nous trouvons, c’était de l’eau ! Il a fallu draguer 630 000 mètres cubes de sable pour créer la plateforme sur laquelle nous nous trouvons aujourd’hui », commente Roselyne Chambrier Chalobah, présidente directrice générale de Arise Côte d’Ivoire. « En janvier 2020, nous avons commencé les travaux. Au bout de deux ans, malgré la crise du Covid, et tous les challenges que cela représente, le terminal est entré en fonction, se réjouit-elle, rappelant que depuis le premier bateau qui a accosté fin novembre, le terminal a déjà enregistré un million de tonnes de nickel exportées. »

Malgré l’épreuve du Covid…

Et pourtant, ce ne sont pas les obstacles qui ont manqué. Non seulement Arise a dû affronter la pandémie, mais aussi la désorganisation des chaînes d’approvisionnement pendant cette phase de gros travaux. « Nous avons été les premiers à réagir et faire un don à la Côte d’Ivoire de 2 millions de masques, d’équipements de protection et de respirateurs, alors même que les pays européens en manquaient. Cela nous a permis de travailler dans de meilleures conditions. C’était un challenge : nous avions au minimum 700 personnes sur le chantier, une base-vie employés qui pouvait rapidement devenir un cluster, mais nous avons réussi à travailler sans interruption pendant deux ans », explique Roselyne Chambrier Chalobah. « Nous avons aussi été confrontés à des retards d’approvisionnement pour l’acier et les matériaux de construction quand la Chine était notre principal fournisseur. Ce terminal devait être réalisé en 26 mois, nous l’avons fait en 30 mois en travaillant nuit et jour. Aujourd’hui, nous sommes vraiment satisfaits de pouvoir le livrer », poursuit-elle.

de belles avancées dans les travaux

Outre le quai, un gros bâtiment administratif a été construit et des zones de stockage ont été aménagées pour une capacité de 160 000 tonnes. Le tout a été conçu comme une plateforme multimodale dotée des équipements de pointe pour charger et décharger les produits, dont deux impressionnantes grues Liebherr montées sur 80 roues. Après cette première phase du projet qui devrait être bientôt inaugurée, Arise pense déjà à la seconde phase. L’aménagement d’un quai supplémentaire de 250 mètres et de 13 mètres de profondeur qui permettrait d’accueillir deux bateaux en même temps. Cela devrait démarrer les prochains mois.

Port d’export du cacao, mais aussi du nickel

Parmi les matières premières exportées : le nickel. Exporté via le Terminal de San Pedro, extrait des mines de la Compagnie des mines de Bafing (CMB), dans l’ouest du pays, le nickel est principalement destiné à la Grèce pour le nickel de qualité supérieur et à la Chine pour celui de qualité ordinaire. D’autres produits devraient bientôt passer par le Terminal de San Pedro. « Grâce à l’axe San Pedro-Bamako, nous avons une réelle opportunité de libérer tout le potentiel minier et agricole de la Côte d’Ivoire, insiste Roselyne Chambrier Chalobah, qui ajoute que ce projet aura certainement des impacts très positifs pour San Pedro ainsi que sur tout l’hinterland national et international ».

« Les opérateurs pourront réaliser des économies d’échelle, car notre tirant d’eau permet d’accueillir de plus grands bateaux. Nous allons exporter du manganèse, extrait d’une mine au centre du pays, et importer du gypse et du clinker pour alimenter les deux cimenteries de San Pedro, dont la Cimat, installée juste à côté du terminal. Le Terminal de San Pedro traitera aussi l’engrais et enfin le vrac liquide avec les hydrocarbures et l’huile de palme. Nous sommes notamment en discussion avec Pétroci, la société publique pétrolière de Côte d’Ivoire », détaille-t-elle.

Un enjeu de taille : la sécurité

Le flux de marchandises géré par le Terminal de San Pedro dépendra en partie de la qualité du corridor San-Pedro-Bamako et des axes routiers notamment vers le Liberia et la Guinée. « La question de la fluidité routière se pose », reconnaît Hervé Koffi, directeur des ressources humaines. « Les autorités en charge de l’économie et les douanes travaillent en synergie pour régler ce problème de corruption. Les coupeurs de routes, comme on les appelle ici, restent un problème majeur. Les autorités font des efforts avec la mise en place d’une brigade de sécurisation de la route côtière mais aussi sur la route vers la Guinée. Nous espérons que le projet de la voie ferrée, de San Pedro jusqu’à Man, puis vers le Mali, réglera ce problème de fluidité », avance-t-il.

n mer aussi, il faut rester vigilant. « La piraterie en haute mer reste une préoccupation, et nous sommes toujours en alerte notamment vis-à-vis de ce qui s’est passé dans d’autres pays frontaliers », explique Hervé Koffi.

Sur le port, la surveillance et la sécurité est assurée par le groupement de la sécurité portuaire, une unité d’élite de la gendarmerie est chargée de toutes les installations. La marine militaire mais aussi la police maritime sont également impliquées dans la sécurité. « À notre niveau, au Terminal de San Pedro, nous avons un département sécurité qui travaille avec la société anglaise G4S », précise Hervé Koffi.

En visite à San Pedro le 19 mai, le ministre de la Défense ivoirien, Téné Birahima Ouattara, s’est engagé à améliorer les conditions de vie et de travail des forces armées à San Pedro. Il leur a promis une dotation en équipements individuels, la construction d’une nouvelle caserne, mais aussi le renforcement des effectifs. Il a affirmé porter une attention particulière aux enjeux sécuritaires dans la région de San Pedro, enjeux liés à sa frontière maritime en prise avec la menace de la piraterie et de trafics de tous genres, la contrebande par exemple, mais aussi avec sa frontière terrestre avec le Liberia soumise à des activités de bandes armées criminelles

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