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BTP Côte d’Ivoire – Université Felix Houphouët-Boigny : Chronique d’une crise profonde
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BTP Côte d’Ivoire – Université Felix Houphouët-Boigny : Chronique d’une crise profonde

by BATIRICIjuin 16, 2018

Source | 100pour100culture.com | Flavienne AFFIAN| 16.06.2018

Université Felix Houphet Boigny@Crédit-AP BATIRICI BTP en Côte d’Ivoire

Nous avons effectué une visite à l’université Félix Houphouët-Boigny. Cette école qui dispense du  savoir-faire et du savoir-être est une université ivoirienne, établie sur un campus de 200 hectares situé au cœur de la commune de Cocody, à Abidjan. L’université fut, dans les années 70 et 80, très réputée en Afrique de l’Ouest francophone pour ses nombreuses facultés.

L’université Félix-Houphouët-Boigny, anciennement nommée Université de Cocody, est issue des trois centres universitaires qui étaient affiliés à l’université nationale de Côte d’Ivoire en 1971 dont l’origine remonte à la création du Centre d’enseignement supérieur d’Abidjan en 1958, lui-même promu au rang d’université par décret présidentiel le 9 janvier 1964. L’établissement disposait, avant les années 1990, d’une production scientifique de 3 876 thèses et de 530 DEA.

Des étudiants déambulent librement dans l’université d’Abidjan. Fermée après la crise postélectorale, elle a fait l’objet d’une remise à neuf complète, pour rouvrir ses portes en septembre 2012. Plus de 120 milliards de francs CFA ont été investis dans la reconstruction et l’assainissement des campus. L’université de Cocody, située dans un quartier chic au nord d’Abidjan, entre l’école nationale de Police (ENP) et le centre hospitalier universitaire (CHU), ravagée, vandalisée pendant la crise ivoirienne du début de 2011, elle a été entièrement réhabilitée par le gouvernement ivoirien. Si l’environnement du campus s’est sensiblement amélioré et que la violence s’est raréfiée, les problèmes chroniques de l’établissement ne sont toujours pas résolus, malgré l’ampleur de la réhabilitation. L’université est largement en sureffectif par rapport au nombre d’amphithéâtres et au nombre de salles disponibles : elle accueille en effet près de 100 000 étudiants en 2017 (65 000 en 2015), alors que la capacité d’accueil est de 30 000 étudiants. Il manque de nombreux sanitaires et un seul restaurant sur cinq que compte le campus est ouvert. Quant à la programmation des cours, elle pose souvent problème. Cependant, les unités de formations (UFR) se communiquent pour une saine gestion et répartition des infrastructures en vue de la satisfaction de tous.

L’université est également fortement sous-équipée. Les bibliothèques sont presque vides de documents, revues et livres, pillées lors de la crise postélectorale de 2011 ; ceux mis à disposition étant obsolètes. Le réseau informatique, les services en ligne et l’accès WIFI ne couvrent pas l’ensemble du campus et sont en dysfonctionnement, voire non fonctionnels. La majorité des laboratoires et des départements de travaux pratiques et de recherche ne sont pas équipés où sont sous-équipés, tandis que de nombreux enseignants n’ont pas de bureaux dans les locaux de l’université. Les salles restent ainsi fermées et les connaissances ne peuvent ainsi être dispensées que de manières totalement théoriques, alors que le programme requiert un niveau de pratique. Les étudiants effectuant une thèse de doctorat en sciences sont parfois contraints de devoir conduire des expérimentations avec des souris de laboratoire dans des bâches laissées au milieu de couloirs publics de la faculté. De nombreuses thèses perdent ainsi de leur intérêt et de leur potentiel. La tutelle de l’université avait pourtant communiqué par le passé que les enseignements pratiques pourraient se faire dès la rentrée 2013.

Sur une dizaine de résidences universitaires que gère le Centre régional des œuvres universitaires (CROU) à Abidjan, seuls les bâtiments du campus de Cocody, de la Cité Rouge, de Mermoz et celui de la Riviera 2 peuvent accueillir des étudiants. La structure censée entretenir les chambres et les bâtiments ne fonctionne pas, laissant ces immeubles ayant connu des malfaçons se dégrader rapidement, à l’instar de l’ensemble du campus (murs endommagés, spots et lumières arrachés, espaces verts délaissés et embroussaillés, fontaines encrassées, sols endommagés, etc.). Les autres résidences universitaires sont en attente de réhabilitation ou en attente que les travaux en cours reprennent.

En Côte d’Ivoire, trois centres régionaux des œuvres universitaires (CROU) apportent leur appui au bon fonctionnement du dispositif des universités en fournissant des prestations sociales qui portent essentiellement sur le logement, la restauration et les activités extra-universitaires.

Ayant interrogé un étudiant en licence1 de Droit qui préfère garder l’anonymat : « Les travaux de réhabilitation ont consisté le plus à rendre l’espace universitaire vert, c’est-à-dire planter des gazons partout pour combler le vide. Nous sommes plus de 2000 étudiants dans un amphithéâtre. La chaleur nous possède ; certains restent dehors par faute de place. Il arrive parfois que les cours soient reportés par manque d’amphithéâtres ». La capacité d’accueil des infrastructures, qui était bien inférieure à la demande, il y a des années, est également l’un des défis majeurs de la réhabilitation. Elle est toutefois accusée d’être mal gérée, elle manque cruellement de matériels et de locaux et n’est plus entretenue depuis son inauguration, menant ses installations vers un état de dégradation prématurée. Autrefois, offrant une vie universitaire d’excellence dans la région ouest-africaine, aujourd’hui elle perd sa renommée.

L’université Félix Houphouët-Boigny n’a certes rien à envier à d’autres institutions universitaires en terme de beauté, mais beaucoup reste à faire au niveau des infrastructures, car la beauté et l’équipement des lieux peuvent permettre de dispenser des cours efficacement dans des conditions agréables.

Flavie AFFIAN


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